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Pièce 9381

PRÉSENTATION

Type

Pièce

Titre

A tresreverend et illustre prelat, Monseigneur Gabriel le Veneur, Evesque d'Evreus, Charles Toutain S.

Incipit

Tout ainsi (mon Tresréverend Seigneur) qu'avec nostre naissance nous sont engendrées les estincelles de toutes sciences, outre le premier et peculier instinct de la perfection de nostre nature...

Langue

Français

Genre

Epitre dédicatoire (Prose)

Statut fiche

Terminé


TRANSCRIPTION SCRIPTA MANENT

❧ A tresreverend et illustre Prelat, Monseigneur Gabriel le Veneur, Evesque d’Evreus, Charles Toutain Salut

Tout ainsi (mon Tresréverend Seigneur) qu’avec nostre naissance nous sont engendrées les estincelles de toutes sciences, outre le premier et peculier instinct de la perfection de nostre nature : aussi doibt tout bon esprit entendre ne lui estre denié tout divin suject de l’entendement, auquel il doit et peut vacquer, selon que plus propre il s’i connoist, pour l’alternatif passetemps de son but principal. A raison dequoi m’estant mis devant les ïeus toute maniere de recreation j’ay peù estimé celle-là qui legérement emporte et pert avec soi son effect, à l’égard de celle, dont s’ensuit après un gentil alechement et plaisir, je ne sçai quel honneur de plus spatieuse et louable éternité. Or n’i a il estude en ce monde qui contente plus la viveté d’un esprit bien nai que la poësie : de laquelle, Monseigneur, me sentant aucunement éguillonné j’ai volontairement fait quelque relais au severe labeur de nos Pandectes, pour i passer les alternatives heures et Jovines dediées au relachement et recreation de ceste mienne estude principalle. Comme donc j’eusse consideré en chaque poëme pour le jourd’hui tant de doctes hommes, j’avois déliberé de n’entreprendre sur leurs premieres inventions : et pour ce faire je m’estois proposé l’Elegie sus l’imitable façon de la Gréque et Latine, laquelle entreprise aïant quelque fois esperé de publier, j’ay successivement attenté le Tragique theathre depuis naguere familier en France, par l’un des esprits plus admirés de ceste age. Et ce qui m’a donné plus hardie opinion de publier cête Agamennonienne, ç’a esté pour entendre un œuvre tel, à raison de sa rareté et excellence, coutumierement estre aujourd’hui entre les doctes desiré, ausquels si je n’ai pensé pouvoir du tout satisfaire, aumoins comme marchant des premiers, j’estime les mettre en si bon appetit, qu’aprés plusieurs autres par divers bons espris quelque fois publiées, ils pourront retenir encores de ce premier mets quelque goust, non du tout indigne de leur avoir autrefois esté presenté le premier. J’ai apres discouru par quelques points plus politicz et de plus ardue invention : comme aïant tiré quelques argumens de la philosophie, avec diversité de deus ou trois autres sujects de plus populaire et morale consideration, non toutesfois de labeur ou de moindre jugement. Ce qui reste de jeunesse sus la fin passera, Monseigneur, sous la candeur de vostre benignité, s’il advenoit autrement que le suject offençast l’austerité de quelques superstitieus Censorins. Le tout finalement reveu, prest et ordonné pour entrer en public, je ne lui ai d’ailleurs invoqué saufconduit plus suffisant, Monseigneur, que le serein de vôtre benigne grace, à laquelle non autrement j’adresse le premier fruit de mes estudes, que celui-là qui arrivé d’un estrange païs au sien, n’a jamais contentement s’il apporte quelque cas d’inconnu, qu’il ne l’ait premierement presenté à celui qu’il reconnoist son seigneur et aime superieur, qui face estime et qui admire son present en sa qualité admirable. Car ce qui m’a donné meilleure hardiesse de les vous dedier, outre l’estime grande de vostre maison de Carrouges (des environs de laquelle, Monseigneur, il vous plaira me reconnoistre le plus humble et obeissant) ç’a esté principalement la grande estime de vostre vertu, et fameus sçavoir, par lequel vous avés merité dès vostre jeunesse si tresmeurement sage la dignité, où tant de vertus vous ont justement establi ; et de present vous adjugent tresbonne place au banc des plus doctes Prelats de vostre college. Que s’il vous venoit à plaisir me faire entendre que ce peu de commencement vous eust esté agréable, je me promettroi sus moi-mesme tel avantage, qu’au seul clin de vostre commandement je pourroi defier toute rigueur de laborieuse entreprise tant fust elle espineuse et de maniement ingenieus. Outre, Monseigneur, que je me peus asseurer, quoi que ce puisse estre, que s’il vous vient à plaisir et à gré, qu’il n’eust peu mieus tomber en autre main quelconque, qu’à l’endroit de celui qui n’a en souhait et admiration que l’excellence des lettres et de la vertu.
Source
Copiste

Claire Sicard


ATTESTATION (1 édition)

Liminaire dans Toutain Charles, La Tragedie d'Agamemnon, avec deus livres de chants de Philosophie et d'Amo..., Paris, Le Jeune Martin, 1557, f. * ij r° - f. * iij v°


PERSONNES (2 citations)

s'adresse à Le Veneur de Tillières Gabriel (1518 ±5 years-16 May 1574)

évoque Jodelle Etienne (1532-1573)


POUR CITER CETTE FICHE

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Claire Sicard et Pascal Joubaud, Notice Texte 9381, Scripta Manent, état du : 07 décembre 2024